March 29, 2024, Friday, 88

Sombres Hallucinations

De La Tour des Héros.

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Sombres Hallucinations (Dreams in Darkness) est, selon l'ordre idéal, le 28e épisode de Batman : La Série animée. Cet épisode marque la première apparition dans la série du docteur Bartholomew.

Batman : La Série animée
Épisode
Titre français Sombres Hallucinations
Titre original Dreams in Darkness
[Rêves dans l'obscurité]
N° ordre idéal 28
N° de prod. 528
1re diff. USA FOX (mardi 3 novembre 1992)
1re diff. francophone Canal+ France (date inconnue)
Format image 4/3 (Full screen)
Durée ± 21 minutes
Scénario Judith & Garfield Reeves-Stevens
Réalisation Dick Sebast
Supervision musique Shirley Walker
Musique Todd Hayen
Studio d'animation Studio Junio Inc.
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Le Pays des Merveilles Éternelle Jeunesse
Guide des épisodesForum

Sommaire

Histoire

Batman, victime de visions cauchemardesques, est interné à l'asile d'Arkham, sous la surveillance médicale du docteur Bartholomew. Se remémorant la naissance de ses symptômes, il se souvient de la nuit où, mis sur la voie d'un forfait à la station d'épuration des eaux de Gotham, il y déjoue une tentative d'empoisonnement général de la ville, inhalant au passage l'étrange gaz rouge qui était destiné aux canalisations.

Plus tard, le justicier commence à ressentir des troubles de la perception, comme l'irruption du Joker dans la Batcave, et devant l'état mental de l'homme de main qu'il avait appréhendé, fait analyser son propre sang. Sa contamination lui est révélée, mais il refuse l'antidote qui le sédaterait quarante-huit heures, temps que pourrait mettre à profit le probable cerveau des opérations, l'Épouvantail. Fatalement effrayé par un Robin fantôme, Batman est victime d'un accident de la route près d'Arkham et y échoue.

Attention, spoiler ! Ce qui suit dévoile des éléments importants de l'intrigue.

En cellule, il tente à plusieurs reprises, entre ses épisodes hallucinatoires, de convaincre Bartholomew que Jonathan Crane a quitté sa cellule et qu'il prévoit à nouveau d'intoxiquer l'eau de la ville. Lorsque le médecin se rend compte de la disparition du bandit, Batman parvient à se débarrasser de sa camisole et à descendre dans les sous-sols de l'asile, qui abritent la source de la rivière de Gotham. Après une confrontation avec l'Épouvantail où il parvient à dominer ses mirages et mettre un terme à ses agissements, Batman prend un repos bien mérité dans la Batcave, où Alfred lui administre l'antidote.

Doublage

Distribution

Personnages Voix originales Voix françaises
Batman / Bruce Wayne Kevin Conroy Richard Darbois
Alfred Pennyworth Efrem Zimbalist Jr. Jacques Ciron
Docteur Bartholomew Richard Dysart Yves Barsacq
Docteur Wu Takayo Fischer Kelvine Dumour
Robin Loren Lester Georges Caudron
L'Épouvantail Henry Polic II Vincent Violette
Aide-soignant #1 Ron Taylor Jean-Jacques Nervest
Torchi Ron Taylor Daniel Lafourcade
Aide-soignant #2 * Jean-Jacques Nervest
Un gardien * Jean-Jacques Nervest
Bandit #1 * Gilbert Lévy
Bandit #2 * Jean-Claude Sachot
Rires du Joker Loren Lester Jean-Jacques Nervest

Remarques

Notes :

Commentaires

Titres

Écouter la musique de fond

Le titre français prend quelques libertés, ne reproduisant guère l'allitération en D de l'original, et perd la touche onirique de "Dreams" (rêves) pour expliciter d'entrée de jeu qu'il s'agira d'hallucinations. L'écran-titre original dévoilait néanmoins le pot aux roses de manière plus suggestive, laissant entrevoir la vision d'un Batman en camisole de force, tapi dans l'ombre.

Analyse

Cet épisode permet, grâce à son principe sommaire et son déroulement majoritairement en huis-clos, de laisser place à l'introspection, et de brasser une très large partie des enjeux et acteurs majeurs de la mythologie de Batman, déjà entrevus ici et là, de manière disparate. Le spectateur retrouve ainsi tour à tour Alfred, Robin, la Batmobile, l'asile d'Arkham, le meurtre des Wayne, et plusieurs vilains majeurs regroupés, même s'ils ne sont qu'illusions (le Joker, le Pingouin, Double-Face, Poison Ivy) aux côtés de l'Épouvantail.

  • Les références érudites, coutumières de Batman TAS, sont quelque peu laissées de côté. Dans Sombres Hallucinations, il est question du Chevalier Noir, de ses doutes, de ses angoisses, des figures qui l'entourent et l'affectent, en bien ou en mal, de tout ce qui le constitue. Les dernières images, où Bruce est au repos dans la Batcave, couvé par l'ombre géante d'une chauve-souris, objet de terreur premier dans sa vie qu'il a fini par domestiquer, synthétisent l'épisode. La créature participe plus tôt dans l'épisode à la fantasmagorie allant du rat à l'Épouvantail passant par une pléthore de figures, mais la clôt, incarnant alors pour Batman le repère d'un retour à la réalité ou du moins à son monde. En somme, la galerie et les thématiques convoquées par Sombres Hallucinations sont telles qu'il peut s'avérer une entrée en matière improvisée adéquate pour découvrir la série et l'univers de Batman.
  • Les rêves et autres mirages libèrent les entraves auxquelles le récit est tenu, laissant la bride à la plus grande créativité visuelle, comme on le constate souvent au cinéma ou dans les séries télévisées. L'équipe créative se lâche ici, stylisant plus que jamais l'assassinat de Thomas et Martha Wayne à l'aide de plans hollandais, et figurant le revolver par la métaphore du tunnel, tous deux liés à la mort. À ce sujet, l'arrêt net de la musique après que l'arme à feu se concrétise, n'était au départ pas prévu, la musique de Todd Hayen continuant sur sa lancée. Le résultat final, plus frappant et théâtral, dont Bruce Timm lui-même est à l'origine, met en valeur les bruitages amplifiés de l'instrument létal. La lave qui semble couler du canon, à l'origine pensée comme rejet des égouts, fait office de sang, échappant miraculeusement à une censure qui n'y a vu, pour le coup, que du feu. Dans le même registre funèbre, le Joker surgit d'une lumière blanche aveuglante, et le Pingouin, tel un cadavre, de la terre. Bartholomew et ses infirmiers apparaissent dans l'embrasure de la porte devant cette même blancheur, en signe de salut, au moment où ils viennent corroborer les dires du Chevalier Noir. Par opposition, lors de l'hallucination qui précède, la porte s'ouvre vraisemblablement sur l'Enfer, selon l'imagerie traditionnelle chrétienne. Le sol qui se dérobe à deux reprises sous les pieds du héros, menaçant de le consumer dans un brasier infernal, représente, par le biais de l'instabilité géologique, l'effritement psychologique de Batman, sous les effets du gaz. L'épisode, réalisé par Dick Sebast, est en quelque sorte le laboratoire de Réalité virtuelle, doté d'un imaginaire encore plus fantasque. On notera que les apparitions du Joker, du Pingouin ou de Double-Face sont toutes accompagnées du thème musical de chaque personnage, joué de manière légèrement dissonante.
  • Le gimmick du protagoniste aux prises avec l'établissement psychiatrique est fréquemment utilisé dans les séries télévisées postérieures, prétexte à remettre en question la santé mentale du personnage que le spectateur suit depuis le début, et par conséquent, la véracité de tout ce à quoi il a assisté jusqu'alors (Buffy contre les vampires, Smallville…). Les touches de fantastique, acceptées par le spectateur, sont d'un coup désamorcées par l'explication rationnelle de la maladie, et le réveil sur un soi-disant réel criant de terre-à-terre.
  • Néanmoins, on comprend instantanément le mécanisme qui est à l'œuvre, même sans avoir connaissance de l'Épouvantail et de ses tours habituels. L'épisode, dans sa narration et mise en scène, pointe d'emblée le gaz inhalé par Batman comme responsable de ses visions incontrôlées, puis montre très tôt l'Épouvantail en train de s'affairer dans les sous-sols d'Arkham. De ce fait, la théorie d'un Batman véritablement fou, dont les précédentes aventures n'auraient été que chimères, passe très rapidement à la trappe. Du côté du Chevalier Noir, s'il y a bel et bien tourments sur son passé et la vie qu'il mène, il ne remet jamais en cause l'authenticité de ses soupçons concernant Jonathan Crane et son plan machiavélique. Seize ans plus tard, l'auteur Grant Morrison le placera bien davantage en proie au doute dans la saga Batman R.I.P., tandis que l'idée d'un Batman jugé fou et interné à Arkham sera reprise dans le story-arc Gothtopia de la série Detective Comics version New 52, où c'est là aussi l'Épouvantail qui s'avèrera tirer les ficelles de l'affaire.
  • Pour rester sur le récit et sa structure, Sombres Hallucinations a la particularité de comporter un flash-back relativement long, raconté par Batman en voix-off, à la manière d'un film noir, énième témoignage de cette influence cinématographique sur Batman TAS. Ce système, déjà usité dans Version originale, atteint son apogée dans L'homme qui tua Batman. On le retrouve aussi dans l'épisode de Superman : La Série animée, Feu Monsieur Kent, ainsi qu'enchâssé dans le rêve de Règlement de compte (TNBA). L'isolement d'un Bruce victime de déficiences cognitives, et la focalisation interne, pourront rappeler Les Oubliés du Nouveau Monde ou même son combat contre sa cécité, d'Ombres et Ténèbres, dans lequel il défie une nouvelle fois les recommandations médicales pour se lancer à corps perdu dans l'action.
  • La Batmobile est de nouveau endommagée. Les dégâts qui lui sont infligés vont croissants dans la série, comme dans Le Super Mécanicien et Bane.
  • Après l'avant-goût donné par Le Maître de l'épouvante, apparition précédente de l'Épouvantail, c'est enfin le premier épisode de la série qui se déroule principalement à Arkham, et le seul à utiliser autant les lieux, offrant un véritable tour du propriétaire au spectateur. Aussi sinistre qu'inefficace, passoire du crime, l'asile revient en tant que cadre principal de l'action dans Procès avec un Batman qui y est pour la seconde fois détenu. Après l'épisode Double Tour, Arkham tient une place cruciale dans la rencontre entre le Joker et Harleen Quinzel (Amour fou). Une version alternative plus gaie, d'un extérieur diurne, mais aux méthodes bien moins laxistes, sera enfin dévoilée dans Un monde meilleur (2).

Détails

  • L'interprétation d'Henry Polic II se fait exceptionnellement plus diabolique et calme lors de cet épisode. Cette nuance n'existe pas dans la version française où Vincent Violette conserve son interprétation survoltée du personnage, au demeurant plutôt appropriée.
  • La toute première terreur de Batman, à savoir l'apparition du Joker dans la Batcave, se concrétisera des décennies plus tard dans le film Le Retour du Joker.
  • Si l'on ne peut de façon certaine affirmer la portée de l'épisode, on ne peut s'empêcher de penser à lui lorsque, des années plus tard, l'asile d'Arkham est de nouveau l'épicentre d'aventures de Batman dans d'autres médias, l'exemple le plus marquant restant le jeu vidéo à succès Batman: Arkham Asylum. Également, le film Batman Begins offre la même intrigue que Sombres Hallucinations, Crane voulant aussi empoisonner l'eau de Gotham à partir des sous-sols, œuvrant cependant pour le compte de Ra's al Ghul.
  • Le thème de chaque vilain est repris lors de leur courte incursion dans l'esprit de Batman.

Incohérences ou Éléments inexpliqués

Quelques étrangetés :

  • Introduire un chronomètre ou un compte-à-rebours dans une fiction, quelle qu'elle soit (hormis au théâtre où il n'y a pas de tricherie possible), est toujours une entreprise périlleuse, la réalisation et le montage anticipant ou diluant le temps censé s'être écoulé. Sombres Hallucinations n'y échappe pas, et multiplie les erreurs. Lors de la scène avec Torchi, le chrono met quarante secondes réelles pour passer de 0:20 à 0:09. Dans les cavernes de l'Asile d'Arkham, l'Épouvantail l'enclenche à 5:00, et lorsque Batman, qui a mis presque cinq minutes à descendre, arrive sur les lieux, il affiche seulement 2:39. Puis, le compte va de 2:32 à 1:45, alors que l'action dure dix secondes. Il s'écoule treize secondes entre le moment où l'écran affiche 0:12 et 0:07 et onze entre 0:06 et 0:04. Gotham avait largement le temps d'être contaminée.
  • L'Épouvantail ayant respiré une quantité considérable de son gaz hallucinogène à la fin de l'épisode, le spectateur le suppose condamné à vie au délire dans lequel il voulait plonger Gotham. Ses apparitions subséquentes, même brèves, attestent du contraire. L'antidote, puisqu'il existe, a toutefois pu lui être administré par l'équipe médicale d'Arkham, question d'éthique.
  • Batman est obligé de se frotter à la lame d'une hache pour se libérer de sa camisole de sa force, qu'il garde pendant tout l'épisode, alors qu'il n'avait eu aucun mal à s'en défaire dans Fugue en sol Joker.

Références culturelles

Quelques références à noter :

  • L'intrigue de l'épisode est peut-être inspirée de la bande dessinée Batman: The Last Arkham où Batman provoque son internement à l'asile dans l'intention d'enquêter sur une série de meurtres, mais se retrouve retenu par Jeremiah Arkham qui le croit réellement fou.
  • Le docteur Bartholomew est un hommage au docteur Bartholomew Wolper, psychiatre manipulateur de la bande dessinée culte The Dark Knight Returns de Frank Miller. Ils ont pour seuls points communs leur prénom et leur verbosité, le Bartholomew de l'épisode semblant approuver les actions du justicier et se révélant purement naïf et incompétent.
  • La psychose de Batman sur le brancard, avec les mots : « Robin ! Attention ! Ne fais pas ça, ne fais pas ça ! C'est un piège ! Attention ! Joker a une bombe ! » fait écho aux évènements de A Death in the FamilyJason Todd, le deuxième Boy Wonder, est assassiné de la sorte par le Joker.
  • Les sbires de Crane, déformés par le cerveau de Batman, peuvent évoquer The Mask.

Citations

Docteur Bartholomew, en parlant de Batman : Aaaah, pauvre garçon, c'est vraiment très triste… Quand on pense qu'après tout ce qu'il a accompli, il va finir ici, comme ça.


Batman : On a toujours du temps pour guérir, m'a dit le médecin, mais il avait tort. Il ne restait pas de temps. Ni pour moi, ni pour lui, ni pour Gotham City. Tant que je reste enfermé à Arkham, je ne peux rien faire, à part attendre la fin, et me rappeler comment ça a commencé.


Batman, en parlant de Torchi : Je dois savoir ce qui l'a rendu malade.
Docteur Wu : Pourquoi ?
Batman : Parce que j'ai peur d'avoir la même maladie.


Batman : Certains pensaient que j'étais devenu fou. D'autres que je l'avais toujours été. Alors ils m'ont mis là, où ils croyaient qu'était ma place.


Batman : Il n'y a qu'un seul criminel assez vicieux pour faire une telle chose, c'est l'Épouvantail.
Docteur Bartholomew : Professeur Crane ? Oooh, ridicule… Je l'ai vu justement ce matin dans sa cellule, il est probablement endormi à l'heure où nous parlons.


Bandit #1, en parlant de Batman : Vous lui avez tendu un piège ?
L'Épouvantail : Bien sûr… Et maintenant qu'il a respiré les gaz, il a eu la fin qu'il a toujours mérité…
Bandit #1, mimant la décapitation : Vous voulez dire que Batman… ?
L'Épouvantail, rire diabolique : C'est encore pire que ça… C'est encore pire que ça !


Docteur Bartholomew : Euh… J'espère que je ne vous dérange pas…
Batman : Mais n'est-ce pas pourquoi je suis là ? Parce que je suis dérangé ?


Traduction

Note sur la VF :

  • Lorsque Bartholomew liste les adversaires de Batman, il surnomme Harvey Dent « Pile ou Face », sobriquet qu'on retrouve ici et là dans plusieurs traductions espiègles, et pis, Pamela Isley « l'Empoisonneur ».

Médias (DVD, VHS et CD)

Cet épisode se retrouve sur :

: ce drapeau indique que le média comporte une piste audio VF.

Notons également que la musique de cet épisode, répartie sur cinq pistes, est intégralement disponible sur le deuxième disque du quadruple-CD Batman: The Animated Series - Volume 3. Le site de l'éditeur propose d'en écouter un extrait , correspondant au cauchemar de Batman.
Par ailleurs, Todd Hayen, compositeur de cet épisode, proposait sur son site web (hélas inaccessible depuis 2005) d'en écouter un extrait de 1'50, intitulé "Scarecrow's Demise".

Diffusions

Quelques diffusions et rediffusions que nous avons pu relever sur les chaînes francophones :

Voir aussi

Sources et autres liens recommandés :