J'ai enfin vu le film à l'occasion d'un vol Air France pour l'Afrique du Sud. Les conditions techniques n'étaient pas optimales mais vu le ratage ce n'est pas grave. J'en profite pour m'auto-citer avant de démarrer.
Pottio © a écrit:DOFP avait aussi pour lui de jouer avec des thématiques peu abordées au cinéma qui ne pouvaient que titiller le geek en chacun de nous.
Pour une fois, des professionnels allaient s'amuser à justifier les incohérences des deux sagas X-Men. Et sur un écran de cinéma, pas d'ordinateur !
J'ai malgré tout le sentiment que Singer est un poids pour la franchise. First Class proposait quelque chose de novateur et rafraîchissant. DOFP a fusillé la moitié du cast de la nouvelle saga et n'exploitait pas le fait d'être à une époque antérieure à la nôtre. Si il y a encore des suites, je pense qu'il va devenir le Georges Lucas de la franchise.
Et bien voilà c'est fait. Singer peut serrer la main de George Lucas, ils ne peuvent qu'être cousin. Après une bonne idée (
X-Men 1) et une suite magistrale, c'est la catastrophe. Et une vraie, pas le film pop-corn de Brett Ratner qui est remonté dans mon estime.
Le sujet était pourtant facile. Apocalypse, le mutant ultime, veut détruire le monde et c'est aux X-Men de l'en empêcher. Enfin ça c'est l'histoire des 30 dernières minutes. Parce que, alors que nous sommes au dernier film d'une trilogie, nous avons droit à plus d'une heure d'exposition pour Apocalypse. Nous verrons tout, de la trahison des siens (était-ce nécessaire en introduction ? On apprend rien et aucun personnage ne réapparaît) à son réveil, sa rencontre avec ceux qui vont devenir ses cavaliers, comment il apprend tout sur le monde avec une télé, son plan etc. Une histoire bas du front pas à la hauteur de celui qu'on nous présente comme la menace ultime. Il en devient tellement anecdotique qu'il apparaît comme un cheveu sur la soupe au beau milieu du manoir des X-Men sans que ça ait une réelle incidence sur l'intrigue. Et la destruction du monde se résume à quelques malheureux missiles et 2-3 plans de destruction (même pas massive, non non). Et alors que l'intrigue nous bassine au début sur la difficile intégration des mutants dans notre monde, on ne verra jamais les humains réagir. Il aurait été tellement facile de montrer une coopération humain / mutant face à Apocalypse, de donner un aspect super-héros aux X-Men tel qu'on peut le lire dans les comics. Pourquoi ne pas nous montrer un Cyclope crier un
"Nous ne sommes pas des humains. Nous ne sommes pas des mutants. Nous sommes les X-Men.". Rien. L'ambition est aux abonnés absents.
Curieusement, tous les personnages (à l'exception du trio de "petits" nouveaux, juste parfait) souffrent du même souci. Tornade n'a pas le temps d'exister, son peu de temps à l'écran étant focalisé sur sa rencontre avec Apocalypse. Magnéto, qui a fait refait sa vie anonymement en Pologne et même fondé une famille, se retrouve réduit à être le laquais du vilain de l'histoire. Les conséquences de son nouveau trauma ne seront jamais traitées, pas même lors de sa dernière scène. Mystique, bien que complètement out of character par rapport à la trilogie d'origine, fait de la figuration. On en a tellement plus rien à faire d'elle qu'elle a l’apparence de Jennifer Lawrence en blonde les 3/4 du temps. Stryker apparaît et disparaît aussitôt. Seul Charles Xavier a le droit à un certain soin, plus lié au talent de McAvoy qu'à l'écriture bancale.
Et pour bien enfoncer le clou, la réalisation va avec. Aucune scène mémorable (enfin si, une, je reviens dessus après) et surtout aucun plan ne mettant correctement en valeur Apocalypse. Il rentre et sort du champs comme n'importe quel figurant du
Seigneur des Anneaux, il n'impressionne jamais. Un comble pour le mutant ultime ! Comme si Singer et son équipe étaient à bout de souffle, incapable de retrouver la passion du départ (X 1 et 2) ou l'excitation de jouer avec des thèmes cools (DOFP). Reste des FX correct, pas franchement mis en valeur par une prod' design à l'ouest. Si vous voulez voir une photographie dégueulasse n'ayant plus aucun rapport avec les précédents films, jetez-vous dessus.
Finissons par la fameuse scène cool, celle avec Quicksilver. Je ne crierai pas au plagiat de DOFP, le contexte étant absolument différent. Elle est réussie... contrairement à son intégration dans le récit. A ce moment-là Apocalypse fait enfin face aux X-Men. Mais de 1) tout le monde s'en fout, de la réalisation aux dialogues et de 2) la séquence se solde
Singer a complètement éventré la nouvelle trilogie initiée par Matthew Vaughn. C'est on ne peut plus flagrant après le visionnage de cette a(A)pocalypse. First Class proposait une relecture des personnages dans un contexte 60' et nul doute que les suites auraient fait la même chose. Days of Future Past était un heureux accident parce que son histoire était un exercice de style intéressant autour de la continuité et des voyages dans le temps. Cet épisode est juste la preuve qu'il n'a plus rien à apporter à la saga. Même la scène post-générique est naze, trop "élitiste" et sans attrait.
Je ne peux m'empêcher de repenser à la scène de Scott sortant du cinéma avec ses amis en critiquant
Le Retour du Jedi et les 3ème films en général. S'agit-il réellement d'un clin d’œil à Brett Ratner ou bien un aveu de faiblesse de la part d'un réalisateur certainement trop talentueux pour ne pas se rendre compte du désastre ?