de abyp » Ven 18 Mar 2011, 19:52
Collectif proposant divers courts-métrages intrigant, voire indispensable pour tout fan du Chevalier Noir, explorant intelligement le mythe du milliardaire vengeur en décomposant subtilement les différentes facettes inextricables de sa personnalité, évoluant au fil des épisodes de combattant du crime novice à justicier féroce et implacable, Batman : Gotham Knight se révèle une pièce majeur pour la compréhension et l'apréhension de son "héros" malgré quelques inégalités parfois agaçantes mais presque obligatoires en vue de ce regroupement d'idées.
Le premier court, Have I got a story for you, à cela pour lui de parfaitement symboliser l'objectif même du film dans sa globalité. Chacun possédant sa propre vision, sa propre interprétation (très différente) du personnage. En ce sens il est indéniablement le plus intéressant et le plus magnifique des six épisodes. Audacieusement en marge de l'univers fondamental de Batman, ce court parvient pourtant à lui rendre le plus beau des hommages. Aidé par une esthétique surprenante, aussi sobre que sophistiquée et véritable exercice de style.
Le reste tend toutefois à la déception, en dehors des trois derniers segments. Une intrigue commune manquant cruellement, les pistes scénaristiques allant en ce sens étant malheureusement assez mal exploitées (demeurant de vagues sous-intrigues financières inintéressantes).
Les courts Crossfire et Field test ralentisse considérablement le rythme de l'ensemble et s'éloigne énormement de l'introduction grandiose livrée par le Studio 4°C. Pas complètement mauvais, mais considérablement en déçà des autres métrages, ils alourdissent sotement l'œuvre en s'écartant bien trop du "postulat initial" qu'était l'hommage et l'exploration d'un mythe.
L'épisode In darknest dwells se révèle bien meilleur que ces deux prédécésseurs. Il souffre néanmoins de la trop courte durée imposé et aurait grandement mérité une bonne dizaine de minutes supplémentaires pour développer les différentes pistes lancées. Le court reste tout de même rondement bien menée, parfaitement rythmé et servi par des graphismes somptueusements sombre et granuleux.
L'avant dernier segment décortique en profondeur la psyché torturée et finalement effrayante du Chevalier Noir. Working through pain évoque la quête (déséspérée) de Bruce Wayne d'une paix intérieure. L'épisode se soldera par un final bouleversant sur un Batman accablé et perdu dans les méandres insondables de son âme déchirée.
Deadshot, grandement aidé par une animation et des dessins d'une beauté et d'un réalisme incroyable, nous montre un Batman bestial et furieux. Le court représente l'avenement de ce qu'est Batman, la "finalisation" définitive et irréversible d'un "héros" monstreux. Ainsi, Bruce Wayne a complètement disparu, engloutit par ce qu'il était indéniablement amené à devenir.