de SuperBat » Ven 08 Avr 2022, 19:15
Oula! Celui qui irait renier purement et simplement les Strange DC serait bien idiot, car ils représentent un moment important dans l'histoire de DC en France, mais il faut bien avouer que, bien que ce soit toujours Semic, que les numéros soient à la suite, que ce soit toujours le même logo et qu'il n'y ait finalement que quelques mois de "pause" entre les deux ères, ces onze numéros DC sont difficilement considérables comme des "Strange", tant la marque était associée à un contenu Marvel durant ses 97 autres % d'existence (et encore, "Strange Spécial Origines" et "Spécial Strange" renvoyant inévitablement à leur revue-mère, l'association par extension dépasse même les 99%). La seule raison pour laquelle l'éditeur n'a pas lancé un magazine flambant neuf était d'essayer de garder une partie de son ancien lectorat...
De la même manière que le film Joker ne s'appelle Joker et n'utilise des noms de personnages/lieux DC que pour s'assurer l'intérêt du public batmanien.
Ou de la même manière que Bruce Timm a cédé à la facilité en utilisant abusivement les marques et noms Justice League, Batman et Wonder Woman et pour promouvoir son Gods and Monsters...
Alors que, selon toute vraisemblance, Semic aurait vendu à peu près autant de DC Comics n°1 que de Strange n°325, Joaquim Phoenix aurait quand même eu son Oscar, et Warner aurait vendu tout autant de "Gods and Monsters" tout court que de "Justice League: Gods and Monsters"...
Tout ça pour dire que ce sont onze très bons numéros, mais qu'il est difficile de les considérer comme des "Strange" compte tenu de ce que ce titre a représenté durant ses 26 années d'existence originelles...
À la limite, et c'est un anti-relaunch absolu qui parle, ils auraient gardé le même nom mais changé le logo et redémarré au numéro 1 pour marquer la rupture, ça aurait passé. Parce que là, pour une fois, un relaunch se justifiait non seulement, mais s'imposait même.
Quoi qu'il en soit, le livre est axé sur la nostalgie, et comme on le voit sur la couverture il est davantage question de l'époque que du magazine en tant que tel, donc il ne me semble pas choquant qu'il ne s'attarde pas plus que ça sur cette dernière année un peu hors-sujet et qui plus est pas encore si lointaine lorsque le livre est paru (quand on parle de nostalgie il faut bien s'arrêter quelque part, et dans le cas présent la rupture Marvel/Semic me semble un bon marqueur des mid-nineties ; à mon humble avis la période couverte va même trop loin dans les nineties, mais autrement la seule alternative évidente aurait été le passage de Lug à Semic, et pour le coup le livre aurait été estampillé "pro-Lug", sans compter qu'il aurait fallu trouver un autre titre). Par contre, si le livre n'évoquait pas les autres parutions (Arédit...) de cette même époque, là oui je serais surpris.
Le bouquin a le mérite d'expliquer à ceux qui n'ont pas connu cette époque comment c'était, sous quelle(s) forme(s) les super-héros existaient pour nous à une époque où il n'y avait pas d'internet, pas de films à grand budget ni de jeux en haute définition, et où les dessins animés étaient aussi kitsch qu'anecdotiques. Pour le coup, quitte à parler de Strange en tant que tel à part entière, pour évoquer sa fin il serait plus honnête de dire "malgré la perte des droits Marvel, Semic arrive à maintenir la publication de Strange durant 11 numéros en y proposant des séries DC, mais le nombre de lecteurs n'étant plus suffisant le titre s'arrête définitivement au n°335 de mars 1998", plutôt que de manier la langue de bois avec un truc du genre "Pour ses 11 derniers numéros, la revue s'aventure du côté de DC Comics en proposant notamment les séries Batman et JLA, avant de prendre un repos bien mérité en poursuivant la publication de JLA sous la forme de son propre périodique"...
Utiliser la rupture Marvel/Semic comme marqueur de fin de période est pertinent car ce qui vient après (l'arrivée de Marvel France) correspond à quelque chose qui perdure aujourd'hui, donc s'arrêter juste avant fait sens si on veut rester dans la nostalgie. Du coup, ne pas aborder le Semic post-Marvel, c'est un peu injuste car Semic faisait déjà un peu de DC avant, mais bon ça fait partie du jeu...
Et puis crotte, pourquoi ce serait à moi de défendre le prétendu parti-pris d'un livre qui n'est pas le mien!
La prochaine fois, y aura qu'à faire un livre "Les années Lug", comme ça on les traitera peut-être de vendus, mais au moins y aura pas de polémique!
Ou alors justement au contraire faudrait faire un livre sur l'historique de DC en France, comme ça y aura plein de choses à apprendre (puisque finalement là ce qu'on a c'est surtout un album souvenir de ce que la plupart du public visé aura bien connu)!