Pour son adaptation cinématographique, force est de constater que Green Lantern bénéficie d'un point fort qui réside dans le caractère visuel du film : les images sont belles ; les extra-terrestres semblent réels (finis les vieux costumes tout laids et pas crédibles pour deux francs!) et les décors, notamment la planète Oa, sont réellement à tomber. Si on peut regretter une inutilité foncière de la 3D, il convient d'admettre que certaines séquences sont réussies, notamment la scène de démonstration aérienne au début du film.
À cela s'ajoute une musique dynamique, plutôt chouette, qui traduit par des notes par moments vibrantes le souffle épique que le film a pour vocation d’insuffler.
« Pour vocation » seulement, hélas ! Car si le paquet est beau, l'intérieur n'est définitivement pas à la hauteur... Green Lantern pêche sur tellement de points qu'il est difficile de rester captivé par les aventures du protagoniste pendant deux (très longues) heures... L'écueil principal réside dans un scénario tellement formaté qu'il en devient prévisible ; la plupart des films retraçant les origines des super-héros suivent le même schéma : le personnage découvre ses pouvoirs, ne sait pas tout de suite les utiliser, s'entraîne (un peu seulement, il ne faudrait pas faire durer le film 5 heures!), puis va détruire un grand méchant en utilisant tous ses pouvoirs fraîchement maîtrisés et devient ainsi un héros (prenez l'exemple du premier opus des Quatre Fantastiques !)... Green Lantern ne fera pas exception à la règle et par conséquent, le scénario est cousu de fil blanc. Plus grave encore, il n'évite aucun cliché : entre la potiche « non, je veux pas de toi, puis si quand même car tu es un super-héros, mais d'abord va sauver le monde et ensuite je t'embrasserai sous un coucher de soleil » ; le sidekick un brin inutile mais bon « mec, c'est trop cool, t'as des super-pouvoirs », le méchant « je veux détruire la planète » et même un père tyrannique « mon fils, c'est qu'un boulet ; je devrais pas être surpris qu'il finisse sociopathe et qu'il me tue ! ». Et évidemment, que serait un film comme celui-ci sans son lot d'incohérences : Hal Jordan tabasse accidentellement des racailles à la sortie d'un bar au moyen de son anneau, ce qui a pour conséquence de faire sonner les alarmes de toutes les voitures, mais bizarrement, ce bruit n'inquiète personne... Encore mieux : dans le film, il est expliqué que personne n'a réussi à venir à bout de la menace ultime qui tue de la mort qui déchire grave (en fait, elle ressemble plutôt à une espèce de pieuvre aux tentacules du fumée!), Parallax – une séquence nous montre une armada de plusieurs Green Lantern tentant en vain de combattre du monstre – mais un seul humain, qui s'est entraîné deux fois pendant 5 minutes à utiliser son anneau, va, on le devine aisément, venir à bout de celui-ci... Moi, je le dis : c'est quand même un peu la honte pour tous les Green Lantern mots au combat !
Pour ne rien arranger au tableau, le casting est quelque peu discutable : bon, d'accord, Ryan Reynolds n'est pas si mauvais que ça... Pas bon, mais pas mauvais non plus (un jeune blanc bec aurait pu massacrer Hal Jordan !). Certes, il n'est peut-être pas assez charismatique pour jouer un super-héros, mais sa prestation est honorable. La plus grande erreur de casting vient de sa partenaire, Blake Lively, à la présence à l'écran plus que transparente et qui n'est pas servie par un très bon rôle. Carol Ferris n'est rien d'autre, dans ce film, qu'une fille-à-papa qui va jouer le rôle de demoiselle en détresse et de soutien moral du héros (avec le lot de clichés que ceci suppose... oui, elle ose dire au héros quelque chose du genre : « moi, je crois que tu vas arriver à combattre le grand méchant car tu es courageux !). Les autres rôles ne sont pas trop mauvais, mais comme on les voit (trop) peu dans le film, on s'en moque un peu !
Pourtant, la matière de base est intéressante et aurait pu faire l'objet d'un bon film ; peut-être une instance plus particulière sur le corps des Green Lantern lui-même, plutôt que sur les faux états-d'âme de Hal aurait pu permettre de mieux développer certains aspects du film qui auraient mérité un traitement plus important : la formation de Hal en tant que Green Lantern, la manière d'appréhender la menace de Parallax, l'anneau jaune, etc... Et cela aurait permis une attention plus particulière sur le personnage de Sinestro, réduit à quelques apparitions sommaires.
Dernier point noir : le costume ! Il est vrai que transposer un costume de super-héros dans un film est un exercice périlleux... Si certains s'en tirent bien (Iron Man, Thor, Batman chez Nolan), d'autres frôlent le ridicule le plus complet (Brandon Routh dans Superman Returns)... Dans ce film, le costume est vilain, mais le masque est encore plus laid, d'autant plus que Hal est facilement reconnaissable malgré celui-ci (c'est à se demander pourquoi seulement trois personnages percent le secret du héros!)... Finalement, on comprend mieux pourquoi certaines affiches présentent Ryan Reynolds sans masque.