Pour changer un peu (beaucoup même) ...

Les comics de chez Dark Horse, Image, Top Cow, Milestone... et même les super-héros à la franco-belge...

Modérateurs: SuperBat, Capitaine Albator, Hadès, Superman, Benco

Pour changer un peu (beaucoup même) ...

Messagede Monsieur B » Sam 29 Avr 2006, 09:55

Voilà, parce que des fois les bastons de types en slip et collants ça fatigue et que les comics américains c'est un medium très riche qui propose beaucoup d'autre choses, une petite chronique sans prétention de trois oeuvres que j'ai eu le grand plaisir de lire cette semaine.

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On commence avec Wimbledon Green. C'est un petit livre de 120 pages environ du dessinateur Seth (que je ne connaissais pas), un ouvrage extrêmement bien soigné, la couverture est magnifique, le papier de très bonne qualité, les couleurs sont géniales, c'est vraiment le genre d'objet qui flatte l'oeil.
Le livre est une succession de petits strips, soit d'aventures comme les comics à l'ancienne, avec des histoires très courtes, soit "d'interviews" de personnages ou encore de flashbacks, le tout est centré sur l'énigme qu'est Wimbledon Green, le plus grand collectionneur de comics du monde.
Le génie de Seth, c'est de livrer non pas une histoire linéaire mais d'esquisser les contours nébuleux d'une légende dans le cadre du microcosme qu'est le monde des comics. On n'a jamais vraiment de réponses fixées, mais on reconstitue soi même le puzzle. Au passage il se livre à une analyse mordante du milieu, en étant irrévencieux sans être méchant, pointant les travers de certaines figures métaphoriques dans le monde des collectionneurs.
Le trait cartoon/retro est magnifique, chaque strip est bien agencé, les couleurs comme je l'ai dit, sont agréables et le livre a une véritable âme.

Pour tous ceux qui aiment les comics et leur petit monde.


Dans les années 1980, les frères Jaime et Gilbert Hernandez, élevés aux comics depuis leur prime enfance, lancent le magazine Love and Rockets destiné à accueillir leurs cérations. Jaime écrit et dessine la série Locas, Gilbert lui est l'auteur de Palomar.
Les éditions du Seuil proposent le premier volume de chaque série, réunissant un nombre conséquents d'épisodes pour un prix très bon marché.

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Locas est une chronique sociale qui tourne autour d'un duo de filles, Maggie et Hopey, dans le cadre d'une banlieue californienne dans les années 1980, en pleine effervescence punk. L'ouvrage est une succession de récits, de taille inégale, sans logique chronologique particulière (on assiste fréquemment à des flashbacks) qui tisse peu à peu l'univers des héroïnes. Impossible à résumer, Locas n'est pas juste une peinture de banlieue, certains récits tombent dans l'imaginaire le plus total, il n'y a pas de raccords précis avec la réalité, c'est une œuvre intemporelle si on fait abstraction de l'univers punk. Jaime Hernandez s'amuse avec ses personnages, leur inventent des aventures loufoques et impossibles.
Pour autant Locas n'est pas superficiel. Le force d'Hernandez c'est de traiter de sujets pas forcément aisés comme la bisexualité, avec légereté mais surtout justesse. On est loin des clichés, des facilités ou même d'une écriture masculine de personnages féminins, ce qui est bien trop souvent le cas dans les comics.
Hopey est une peste, une boule d'énergie et de vitalité qui se moque des conventions. Maggie est frivole, romantique, lunaire et a un coeur d'artichaut. Et ces deux filles sont sans doute les personnages les plus attachants de la bande dessinée américaine à mes yeux. Hernandez leur a donné plusieurs dimensions mais aussi une véritable âme, les deux symbolisent la féminité et la jeunesse dans tout ce qu'elles ont d'intemporel.
C'est tour à tour drôle, émouvant, fou, absurde, attachant. Lire quelques aventures par jour vous remonte le moral, et quand c'est fini on n'a qu'une envie, lire la suite en savourant chaque case, chaque dialogue.
Un dernier mot sur le trait, Jaime Hernandez a une maitrise graphique absolue, son noir et blanc est très classieux, son découpage pertinent, et il dessine les filles à la perfection, les visages d'Hopey et de Maggie vous restent dans la tête pendant longtemps.
368 pages, 19 euros. Le rapport qualité/prix est monstrueux, foncez, c'est vraiment à lire.


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Palomar, l'œuvre de Gilbert Hernandez. Cette fois l'action prend place dans un petit village mexicain et là le terme chronique sociale est d'avantage adapté. On suit avec délice les histoires tragicomiques des habitants du petit village de Palomar. La gallerie de personnages est à peu près aussi conséquente que dans Locas mais les seconds rôles sont un peu plus étoffés puisque Palomar ne se concentre par sur un ou deux persos en particulier. Gilbert Hernandez a une écriture plus dense que son frère et traite de problèmes plus métaphysiques. Même si l'humour est présent, le ton est beaucoup moins déjanté que dans Locas. L'attachement aux personnages se fait à mesure des lectures, Gilbert développant le petit monde de Palomar par le biais de flashbacks tout comme son frère. Le village devient un petit théâtre de la vie, et propose une représentation sobre et efficace.
Là encore la lecture est enivrante, à l'instar de Locas, la qualité ou la force du récit ne saute pas brutalement aux yeux, elle s'installe plutôt peu à peu avec une efficacité redoutable et c'est quand on repose le livre pour faire une pause qu'on s'apperçoit à quel point ce qu'on vient de lire est excellent.
Même si les deux sont excellents, Locas a ma préférence, car je suis vraiment tombé amoureux de Maggie et Hopey, qui sont parmi les personnages les plus aboutis que j'ai jamais vu.

270 pages, 19 euros, là encore, foncez, c'est le haut du panier.
"Once a depiction veers toward realism, each new detail releases a torrent of questions that exposes the absurdity at the heart of the genre. The more ‘realistic’ super heroes become, the less believable they are."
David Mazzucchelli
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Messagede Benco » Sam 29 Avr 2006, 17:46

Sympa de faire partager tes trouvailles :wink:

Et dire que j'ai le moyen d'avoir des tarifs privilégiés chez le Seuil^^

Récemment, j'ai lu le premier volume de l'intégrale de Terry and the pirates (1934/35) de Milton Caniff. Le comic accuse son temps au niveau de la personnalité des deux personnages (trop plates) et du découpage (tirés de strip quotidiens, on pouvait pas y échapper).
Mais les aventures du jeune Terry et son jeune d'ami Pat ont le méritent de nous entrainer dans la Chine des années 30 avec tout le côté traditionnel et exotique que ça comporte. Après, il ya finalement des personnages particuliers qui donnent du piment aux péripéties. Il y a en effet Georges Dico Confucius alias Connie, très drôle de par ses gaffes et ses moments d'auto-satisfaction même si son traitement en fait un chinois clichissime et tout ceux qui ont une notion de dignité humaine seront quelque peu mal à l'aise face à certaines cases... Et il y a Dragon Lady, femme impétueuse, cruelle sans poutant oublier d'être loyale, qui donne beaucoup de caractère à l'histoire. Puis elle a l'avantage, en plus d'être jolie, de porter à chaque scène de nouveaux vêtements typiquement chinois seyant admirablement ses girondes formes^^ C'est d'ailleurs le premier comics a faire allusion à la sexualité même si ce premier tome reste soft là-dessus, parce qu'il faut bien y aller en douceur dans un premier temps.

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La technique de dessin de Milton Caniff se traduit par un encrage des planches à la ligne claire (donc pas de trames, du moins la partie en couleur) agrémenté d'aplats de noir et de couleurs (sûrement de l'encre) très agréables. Vraiment je l'affectionne d'autant plus que j'aime le style des années 30 et le sien particulèrement (formes rondes et plutôt réalistes). La composition au fil des pages donne de moins en moins de platitude aux plans, offrant ainsi bien du dynamisme et on peut aisément se dire qu'on est en face d'un potentiel story-board de film, d'autant que dans la première partie du bouquin le découpage est un gauffrier (cases toutes de mêmes dimensions).
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