Les logiques de rentabilité des studios n'étaient pas aussi intrusives auparavant.
Silver et Bruckheimer dans les années 80, les Frères Wenstein dans les années 90 n'étaient en rien différents de Disney ou Warner actuellement (relire n'importe quel
Starfix ou
Mad Movies de l'époque pour constater les avanies que subirent bien des réalisateurs entre leurs mains - un mec comme McTiernan peut en témoigner, cf.
le 13ème Guerrier ou
Rollerball). Et on peut retrouver le même schéma durant toutes les décennies précédentes jusqu'à l'invention du cinéma - le
development hell est peuplé de projets morts-nés de brillants cinéastes contrariés par les studios. Pourquoi vous croyez que Spielberg et Lucas ont fondé "le nouvel Hollywood" ? Avant eux-mêmes de devenir ce qu'ils fuyaient, d'ailleurs...
La logique de rentabilité a
toujours primé sur les velléités artistiques ! Le cinéma a
toujours été une industrie avant d'être un art ! Penser le contraire, c'est fantasmer l'histoire du médium. La seule différence, c'est qu'actuellement internet permet d'être au courant en temps réel des déboires traversés. A une époque, toute l'histoire autour de
Rogue One ou d'
Ant Man n'aurait été connue qu'en lisant un magazine spécialisé - et encore, avec des infos de seconde main.
Alan Smithee n'est pas un nom qui a été inventé récemment. L'excuse du "différend artistique" ne date pas d'hier non plus.
La question des budgets, c'est accessoire au final. Comme d'habitude, l'histoire fera le tri. Après personnellement, je ne m'attend pas à être bouleversé dans mon moi profond chaque fois que je vais au cinéma - car les chefs d'œuvre sont rares par essence. Et oui, la majorité de la production (et ce dans tout art - même et surtout les
comics, d'ailleurs) est moyenne au mieux. Quand c'est bon, honnête, bien troussé c'est déjà satisfaisant. Parce que je vais au cinéma avant tout pour être distrait et que je suis capable d'apprécier un film malgré ses défauts - je ne jette pas à la poubelle tout ce qui n'est pas
masterpiece ultime.
Je suis assez vieux pour me souvenir d'une époque où ce qu'on avait de mieux en matière de super-héros, c'était le
Superman de Donner. En ce temps-là, on pouvait à peine rêver de voir un univers partagé construit à la fois au cinéma et à la télé, reprenant des personnages aussi spectaculaires que Spider-man, Thor, Hulk, Daredevil, etc. Alors certes, dans cette logique même de cinéma d'exploitation dans laquelle se trouve actuellement le genre, il y a plus de déchets que de réussites. Mais bon sang, si pour avoir le plaisir d'un
Avengers, d'un
Winter Soldier, d'un
Civil War, d'un
Days of Future Past, d'un
Logan ou d'un
Gardiens de la Galaxie, je dois me taper de temps à autre un ratage comme
Suicide Squad ou un film tiède comme
Wonder Woman - j'estime que ce n'est pas très cher payé.